carnet de bord (3) et petit bilan
journal de bord d'un apprentissage, je reprends...
les bals m'ont soulevée, très loin, avec cette confiance grandissante dans des bras inconnus : fermer les yeux, prendre la vague, partir à la musique - rien d'autre. E voulait m'apprendre très vite des pas très élaborés mais j'ai dit non, tranquillement, j'ai dit je veux d'abord la tenue impeccable, la marche, le pas souple, et la confiance d'apprendre sans penser. je crois que j'y arrive lentement mais sûrement.
c'est un fait : toutes les théories du monde me sont superficielles, je n'apprends qu'en dansant (si intuitive...).
alors le corps s'est posé maintenant, de façon régulière avec D, plus particulièrement que tout avec E ("quel beau couple" s'est exclamée une femme hier, j'avais follement envie de rire, et c'est vrai pourtant que joue à joue poitrines proches yeux fermés rien ne m'inquiète avec lui) ; la salida est souple, infinie, la jambe part très loin en arrière, et il existe un plaisir net dans cette dérobée du pas sous ceux de l'homme ; hier, avec les conseils de M, j'ai senti quelque chose de neuf dans ma façon de faire mes huit arrière - les huit avant heurtent plus le corps, et sont moins jolis, tout en paraissant plus faciles dans la netteté - en vérité, il faut que je veille à d'abord bien effectuer mon pivot (en dissociant complètement le haut du corps des hanches) et puis ensuite faire glisser la jambe... M a une façon de danser que je n'aime pas particulièrement - plus sportive que sensuelle - mais elle est une prof fantastique, si excessivement pointilleuse et perfectionniste qu'elle me rappelle mes profs de danse classique (russes, avec des chignons serrés et jamais de bijoux).
il reste beaucoup de choses à apprendre, mais la confiance, la vraie confiance, le corps donné entier à son souffle et la nuit, voilà qui - c'est fou ! - est acquis.